Sous le commissariat de Maud Louvrier-Clerc, artiste-designer et commissaire d’exposition et Pauline Lisowski, critique d’art et commissaire d’exposition, l’exposition collective « Les rhizomes du vivant » envahit la Galerie de la Rotonde du 2 au 20 décembre 2017.
PAYSAGE : mouvement / composition / formes / couleurs
ENVIRONNEMENT : empreinte / interdépendance / évolution / culture
Le paysage naturel est lieu d’une quête… En constant mouvement, il est un terrain d’expérimentation de multitudes de points de vue et de représentations. D’un détail d’un élément naturel s’ouvrent d’autres univers, la nature comme ressource, l’habitat, la préservation des milieux. Les formes et les phénomènes naturels attirent le regard, interrogent par leur processus de croissance, de transformation. Sujets d’inspiration pour les artistes, ils sont des répertoires de formes, incitent à la multiplication, à une infinité de variations. L’animal, le végétal, au-delà les éléments du paysage sont des sources de composition de formes, à l’infini. Le paysage, ses lumières, ses matières, sont sujets d’expériences de jeu entre apparition, disparition, visibilité, invisibilité…
La série Lunaire de Juliette Vivier présente un étrange paysage, comme suspendu, dans les airs. Variations de lumière, de couleur, révèlent différents reliefs... On retrouve cette recherche de différentes atmosphères dans les sérigraphies d’Eric Mercier. Il développe une recherche sur la couleurs, ses déclinaisons, fait surgir des formes, des halos de lumière…
L’image du paysage est à la fois, décomposée et recomposée pour inviter le spectateur à porter son regard sur certains détails de son environnement. Dans la série waves & palmtree de Sylvère Chatenet, des vagues et des palmiers tendent vers des mouvements, des circonvolutions… Il synthétise tout en accentuant les phénomènes naturels. Les œuvres de Sarah Monnier interrogent la présence de l’individu sur le monde, ce qu’il laisse comme traces et empreintes. Son livre d’artiste HÊTRE POURPRE met en lumière un arbre d’un parc de la ville de Nancy, comment l’arbre peut être un lien entre les hommes… souvenirs de jeu et d’échanges...
Amandine Gollé, elle, observe le monde qui l’entoure, avec une attention particulière aux végétaux, aux animaux, aux insectes… Ses œuvres dégagent une certaine sensualité, une envie de toucher…
Maud LC, dans sa série Cambium, interroge les limites entre l’inerte et le vivant qui s’opère au niveau moléculaire. Par son jeu de combinaison et de superposition de cercles colorés, elle suggère l’évolution, le développement des structures naturelles. Dans sa série Soleil couchant/levant, elle interroge les phases de transition quand le paysage devient rite de passage.
Ayda-Su Nuroglu développe un univers onirique. Végétaux et animaux s’entremêlent, présences d’un milieu naturel en mouvement.
Les feuillages, les racines, les fruits et les légumes, offrent à Marie-Ange Crespo un répertoire de motifs. En les imprimant de nombreuses fois par superpositions de couches de couleurs, elle met en évidence l’extraordinaire richesse de variétés de formes et de couleurs qu’on trouve dans ces éléments.
Le paysage, les éléments naturels des sérigraphies de Mélanie Vialaneix ouvrent vers des rêveries, des contes, des récits. L’artiste invite à retrouver le plaisir d’imaginer, de se raconter des histoires. Ainsi, ces artistes expérimentent chacun diverses façons d’utiliser la sérigraphie et de considérer les éléments de la nature et les processus naturels comme source d’inspiration.
NATURE : Famille, genre, espèce / Classification / Evolution / Aléatoire
SERIGRAPHIE : Typon, encre, cadrage / Processus / Intention / Combinatoire
Les êtres vivants comme les sérigraphies artistiques posent la question de l’identique par rapport à l’unique ? Dans la nature, du monde végétal au monde animal, quoi de plus identique que deux molécules, deux fougères, deux fourmis de la même espèce ? Dans la pratique de la sérigraphie, quoi de plus identique que deux tirages de la même série ? Quelle place faire à l’unique ? Une fourmi serait-elle moins belle parce qu’elle est une dans une colonie de 100, 1000 autres ? Cette question soulève celle de la rareté comme élément central de l’importance d’un être, d’une œuvre.
Sérigraphie vient du latin sericum la soie (celle des écrans) et du grec graphein l’écriture (celle de l’artiste). La discipline combine ainsi, dans son nom même, l’artiste comme un être en symbiose avec son outil.
Quelques artistes contemporains poursuivent aujourd’hui une recherche plastique autour de ce médium favorisant la série. Pourquoi ? Peut-être en raison de cette fascination des rhizomes permises par la sérigraphie, ces espaces d’incertitudes. Tous ceux ou celles, ou du moins les artistes passionnés par ce médium, peuvent devenir envoûtés de par les incroyables possibilités, combinatoires qu’elles procurent.
L’identique est fonction de l’espèce, dans la sérigraphie l’identique est le dessin-photographie-motif-trame original insolé sur l’écran. L’unique, lui est fonction du vivant, de l’aléatoire du tirage manuel, qui va varier selon les inclinaisons de son bras, selon une intention ou un accident. L’intuition ouvre alors un champ libre à une exploration poétique entre un/ou des d’écrans et d’intensité, de couleurs entremêlés…